ATHLÈTE | MIA LAROCHELLE, NOUVELLE COMÈTE DE LA COURSE À PIED QUÉBÉCOISE
Source et crédit photo : Radio-Canada | Martin Bélanger | Alex Binaei | [Extrait] Radio-Canada, Guillaume Piedboeuf, 10 juillet 2025
Il y a sept mois, Mia Larochelle était une jeune joueuse de soccer ennuyée par les blessures dans une université de Louisiane. La voilà maintenant l’une des meilleures coureuses de demi-fond au Québec. Sur la piste d’athlétisme de l’Université Laval, une nouvelle comète est née.
À chaque entraînement qu’on fait ensemble, elle a besoin d’encadrement parce qu’elle ne connaît pas les lignes d’arrivée et de départ sur la piste de 400 mètres, explique Jade Bérubé au sujet de sa partenaire d’entraînement, cet été, dans le groupe du réputé entraîneur Félix-Antoine Lapointe.
Âgée de 27 ans, Bérubé compétitionne en course à pied depuis l’enfance et elle s’est régulièrement frottée aux meilleures coureuses de demi-fond au pays ces dernières années.
À ses côtés, Mia Larochelle ne s’entraîne en athlétisme que depuis le mois de janvier, mais la voilà déjà championne provinciale au 5 kilomètres et médaillée des championnats canadiens universitaires.
À la fin du dernier entraînement qu’on a fait ensemble, c’était vraiment intense et je me disais : « Câline, Mia est donc bien bonne ». Et là, j’ai vu qu’elle avait des souliers de jogging dans les pieds alors qu’on avait toutes des [souliers d’athlétisme à crampons]. Ce n’est pas juste, lance en riant Jade Bérubé.
Du soccer à l’athlétisme
Sortie de nulle part sur la scène québécoise de la course à pied, Mia Larochelle était plutôt connue dans le monde du soccer jusqu’à l’hiver dernier.
Plus jeune, j’ai fait du cheerleading, de la danse, du ski, du tennis, mais à chaque été je retournais jouer au soccer, relate celle qui a notamment porté les couleurs des Élans du Cégep Garneau entre 2021 et 2023.
Recrutée par les Colonels de l’Université Nicholls State à l’issue de sa carrière collégiale, l’attaquante n’a jamais vu le terrain durant sa seule saison en Louisiane, l’automne dernier. Déjà ennuyée par une blessure au genou à son arrivée sur le campus de Thibodeaux, elle s’est rapidement retrouvée sur le carreau avec une sévère bursite.
C’est durant sa convalescence, alors qu’elle était limitée au jogging, qu’elle a pris goût à la course à pied. L’entraîneuse de track me voyait toujours courir sur le campus. Elle se disait : “C’est qui la blonde qui court tout le temps” et elle m’a proposé de joindre l’équipe, raconte Mia Larochelle.
L’idée de délaisser le ballon rond pour explorer son potentiel de coureuse lui a plu, mais la Québécoise a plutôt décidé de rentrer à la maison pour le faire. De là, les succès ont été instantanés.
Déjà habituée des podiums
Un seul entraînement a suffi à Sylvain Cloutier, l’entraîneur-chef du Rouge et Or de l’Université Laval, pour décider de faire une place à Mia Larochelle dans son équipe d’athlétisme, en janvier dernier. Un mois plus tard, l’athlète de 20 ans remportait sa toute première course provinciale universitaire, un 3000 m, neuf secondes devant sa plus proche rivale.
Oui, j’étais surprise. Ça fait longtemps que je courais pour m’entraîner et je pensais pouvoir m’améliorer, mais je ne savais pas à quel point j’avais du talent, admet la verte coureuse.
En mars, toujours au 3000 m, elle a obtenu la médaille de bronze des championnats canadiens universitaires. En mai, au 5 kilomètres de la Clinique du coureur, elle a coiffé l’une des meilleures coureuses de fond au pays, Anne-Marie Comeau, pour mettre la main sur le titre de championne québécoise.
Quelques mois à peine après avoir commencé à s’entraîner sérieusement, Larochelle est toutefois loin d’être rassasiée.
Je suis quand même dure envers moi-même et je regarde des filles qui courent depuis longtemps et qui font des temps exceptionnels, pointe-t-elle du tac au tac.
Oui, c’est bon ce que je fais, mais ce n’est rien si je veux aller aux Jeux olympiques un jour. J’ai des croûtes à manger.
Ce savant mélange de talent, d’ambition et de naïveté fait la force de Mia Larochelle, croit sa partenaire d’entraînement, Jade Bérubé. Moi, ça fait longtemps que je cours et, veut, veut pas, au fil du temps, on peut s’imposer des limites. Pour Mia, tout est nouveau et il n’y a pas de limite.
Un rêve olympique qui passera par le Colorado
N’empêche, rares sont les coureurs qui parlent des Jeux olympiques comme un objectif quelques mois à peine après leur première compétition. Mia Larochelle sait que la route est encore longue, mais elle ne se gêne pas pour viser haut.
C’est le fun parce que j’ai des victoires et on dirait que ça me pousse. Je le vois comme des étapes à passer. Ok, ça, c’est fait, quelle est la prochaine étape?
C’est dans cet esprit que l’ancienne attaquante du Royal Beauport a récemment accepté une bourse d’études de l’Université du Colorado, elle qui ne prévoyait pas du tout retourner aux États-Unis.
C’est l’agent de son copain, un hockeyeur professionnel, qui a passé le mot à son sujet au sud de la frontière. Du jour au lendemain, plusieurs des plus gros programmes sportifs de la NCAA lui faisaient la cour.
Le courant a particulièrement bien passé avec l’entraîneur des Buffaloes du Colorado, qui jouissent également de l’avantage de l’altitude. En course de fond et de demi-fond, l’entraînement à plus de 1000 m d’altitude est un avantage.
Ce n’était pas prévu, mais l’Université du Colorado m’a fait une offre qui arrive une fois dans une vie. Contrairement à la Louisiane, où je partais un peu à reculons, là, je sais que je vais être là pour un bout.
Nul doute qu’il est possible d’atteindre les Jeux olympiques en restant à Québec pour s’entraîner sous l’égide de Félix-Antoine Lapointe, précise Mia Larochelle. Charles Philibert-Thiboutot, Jean-Simon Desgagnés et Thomas Fafard en sont les preuves vivantes.
Mais la nouvelle comète de la course de demi-fond québécoise estime que le fait d’affronter des coureuses plus fortes dans le réseau universitaire américain l’aidera à atteindre son plein potentiel.
J’ai vraiment hâte d’y être, mais si ce n’était pas des gens ici à Québec, je ne serais pas où j’en suis en athlétisme. Je vais vraiment m’ennuyer de mon monde.
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