ÉVÉNEMENT | UNE COURSE EN SENTIER DE L’UTMB À MONT-TREMBLANT

Source et crédit photo : Radio-Canada| UTMB World Series | Colin Rousseau | Ian Roberge | [Extrait] Radio-Canada, Marc Antoine Godin, 26 août 2025

MONT-TREMBLANT – Pour les milliers d’adeptes de course en sentier au Québec, le rêve de participer à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, considéré un peu comme le Saint-Graal de la discipline, deviendra bientôt plus accessible.

L’organisation UTMB World Series, le principal circuit de course en sentier du monde, a annoncé mardi un partenariat avec les événements Harricana, qui gèrent plusieurs courses en sentier au Québec. Elle présentera à compter d’août 2026 une course à Mont-Tremblant.

L’événement prendra le nom de Boréalys Mont-Tremblant et s’insérera à la programmation estivale de la station dans la fenêtre laissée vacante par le départ de la compétition Ironman.

Notre volonté, c’est de se rapprocher de foyers de coureurs. On n’avait pas d’événements à l’Est des Rocheuses canadiennes, donc c’est une très bonne porte d’entrée pour nous, a dit Thibault Thomas, le responsable des opérations de l’UTMB.

La course mythique du mont Blanc est accessible aux coureurs par le biais de points running stones qu’ils accumulent au fil des courses sanctionnées par l’UTMB. La participation est déterminée par un tirage au sort. Plus un athlète possède de ce type de points, plus il a de chances d’être sélectionné.

Les événements Harricana ont noté un réel essor de la course en sentier depuis la pandémie, mais les épreuves qu’ils organisent, que ce soit à La Malbaie ou à l’Isle-aux-Coudres, ne permettent pas d’accumuler ces fameuses running stones.

Participer à des courses sanctionnées par l’UTMB exige des déplacements. Or, une athlète comme Geneviève Asselin-Demers, qui a déjà remporté plusieurs épreuves de l’UTMB, a dû débourser de sa poche environ 25 000 $ l’an dernier afin de nourrir sa passion.

L’ingénieure de 37 ans se dit chanceuse d’avoir un patron compréhensif. Elle peut compter sur des commanditaires pour alléger quelque peu le fardeau financier, mais elle reconnaît que les coureurs québécois y gagneront en ayant un événement dans leur cour.

On voyage en groupe, on peut se ramasser cinq personnes à se partager un Airbnb, donc c’est énormément de frais pour une course, a expliqué celle qui a délaissé la course sur route au profit de la course en sentier il y a un peu plus de trois ans.

D’en avoir une ici, au Québec, tout le monde est gagnant, car la course va attirer énormément de coureurs qui ne veulent pas se déplacer pour gagner des stones. On va avoir des stones en restant au Québec, et ça va attirer des coureurs d’ailleurs qui viendront voir de quoi ont l’air nos sentiers au Québec.

L’événement se déclinera en plusieurs distances, question de réunir des coureurs de divers calibres.

Une odyssée boréale

La pandémie a créé une véritable explosion des activités extérieures, et de nombreux coureurs ont découvert le plaisir d’être en communion avec la nature et de se dépasser sans être obsédés par le chronomètre.

C’est une activité individuelle, mais collective en même temps, contrairement à la course sur route où souvent les gens sont orientés très performance, à regarder leur montre pour suivre leur rythme, a mentionné Fred Ménard, qui sera le directeur de course de Boréalys Mont-Tremblant.

En trail, regarder son rythme est caduque. Ça n’a pas de sens parce que d’un terrain à l’autre, d’une journée à l’autre et d’un dénivelé à l’autre, l’allure va changer. On pourrait courir le même sentier 10 jours de suite, et notre allure changerait.

Comme c’est le cas dans les autres courses d’endurance organisées par l’UTMB, l’événement se déclinera en plusieurs distances, question de réunir des coureurs de divers calibres. Il y aura deux courses de 20 kilomètres, une autre de 50 et enfin une course de 100 kilomètres, quoiqu’on parle ici de kilomètres-effort où l’on tient compte du dénivelé dans le calcul de la distance.

C’est un sport où, sur la ligne de départ, on va avoir l’élite mondiale et Monsieur et Madame Tout-le-Monde. C’est un peu comme si des amateurs de vélo pouvaient participer à une course ou une cyclosportive et être sur la même ligne de départ que Tadej Pogacar ou Jonas Vingegaard, a ajouté Fred Ménard.

L’UTMB World Series veut promouvoir la culture locale partout où il s’arrête. Or, avec la rivière du Diable et la montagne Tremblante, le cadre est tout indiqué pour développer une thématique axée sur le folklore québécois, ce que Boréalys Mont-Tremblant mettra en valeur dans sa musique, ses décors, ainsi que le nom donné aux tracés.

La distance mythique en trail, c’est le 100 milles. On a été sages et conservateurs pour la première année, et on s’est concentrés sur une course de 100 kilomètres. Mais c’est évident qu’on veut éventuellement offrir le fameux 100 milles. Et cette distance-là va s’appeler la Chasse-Galerie, a indiqué M. Ménard.

Une coureuse grimpe une montagne dans la pénombre
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Courir la nuit est au cœur de l’expérience des plus longues courses en sentier.

Un beau et difficile parcours

À un an de l’événement, Thibault Thomas s’est rendu à Mont-Tremblant pour assister à une épreuve-test visant à évaluer la viabilité du parcours qui a été dessiné.

Des coureurs, dont Geneviève Asselin-Demers, l’ont testé et ont ensuite fourni leurs recommandations. Ça va être difficile, a-t-elle constaté.

Dans le jargon de la course en sentier, un parcours est roulant lorsqu’il permet au coureur de poser le pied sans se soucier de la surface. Cela lui permet de prendre un rythme de croisière. Le parcours est considéré comme technique lorsqu’il présente des obstacles et nécessite de la vigilance.

Les roches et les racines rendront le circuit de Mont-Tremblant très technique. Les coureurs étrangers peu habitués à ce genre de terrain en auront plein les bras.

C’est qu’on n’a jamais de répit, a mentionné Asselin-Demers. Souvent, dans la majorité des courses que j’ai faites à l’extérieur du pays, on va avoir des sections techniques entrecoupées de sections qui sont très roulantes. Ici, ça ne pardonne jamais, tu ne peux jamais te libérer l’esprit. C’est du début à la fin.

Cela dit, l’ancienne gagnante du marathon de Montréal, en 2015, a été ravie de constater qu’environ 95 % du parcours est à l’ombre et pourra ainsi protéger les coureurs des intempéries ou d’un soleil qui plombe trop. Les coureurs croiseront également plusieurs rivières, ce qui leur permettra, si nécessaire, de s’abreuver en utilisant les filtres ou les pastilles prévues à cet effet.

Les organisateurs s’attendent à voir 3000 coureurs débarquer à Mont-Tremblant pour la première édition de Boréalys. La grande majorité d’entre eux seront des Québécois, mais la course devrait aussi attirer des athlètes venus de l’Ontario et du Nord-Est américain.

Les coureurs de l’élite boucleront le 100 kilomètres-effort en 10 ou 11 heures, mais le milieu du peloton pourrait prendre de 15 à 18 heures pour terminer la course.

C’est donc dire que plusieurs courront pendant une partie de la nuit, ce qui ajoute à l’expérience.

Quand je passe une nuit complète, donc 12 heures à la lampe frontale, le halo de lumière t’hypnotise. Tu deviens hypnotisée. Il y en a beaucoup qui vont dire : « Oh, mon Dieu, j’ai fait des hallucinations, j’ai vu des choses… » Ça peut arriver dans les sections de nuit, a confié Asselin-Demers.

Et puis, il y a les animaux. Souvent, le jour, tu ne les vois pas, mais la nuit quand tu éclaires avec ta frontale, tu vois plein d’yeux qui te regardent. Mais tu ne sais pas si ce sont les yeux d’un raton laveur ou les yeux d’un ours. Tu vois juste des yeux!

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