TENDANCE | LA MORPHOLOGIE PARFAITE DU COUREUR
Source et crédit photo : Dans la tête d’un coureur | [Extrait] Dans la tête d’un coureur, Charlène Riou, 25 mai 2025
La Morphologie Parfaite du Coureur : ce que la science nous apprend (Route, Trail, Piste).
Vous vous êtes déjà demandé à quoi ressemble le corps idéal pour courir ? Est-ce qu’il faut être sec comme un haricot vert, avoir des mollets de coq et des pieds de poupée pour performer sur route, trail ou piste ? Dans cet épisode passionnant, Tristan Pawlak, coach et spécialiste des sports d’endurance, démonte les stéréotypes et nous emmène dans une exploration ludique mais scientifique de la morphologie du coureur.
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Morphologie, un avantage parmi d’autres
Tristan prévient dès le départ : la morphologie n’est qu’un curseur parmi des centaines qui composent la performance. Elle peut donner un coup de pouce, surtout au très haut niveau, mais elle ne fait jamais tout. « La performance, c’est des dizaines, des centaines de curseurs qu’il faut essayer de pousser petit à petit. »
Si vous débutez, inutile de mesurer vos tendons à l’équerre : vous avez d’autres leviers à actionner avant ça.
Ce que la morphologie dit vraiment
Le terme “morphologie” couvre un ensemble de critères : longueur des os, insertions tendineuses, rapport muscle/tendon, masse grasse, volume musculaire… Certains sont innés (merci la génétique), d’autres acquis (merci l’entraînement).
👉 Inné : squelette, points d’insertion des tendons, rapport longueur muscle/tendon.
👉 Acquis : masse musculaire, raideur des tendons, composition corporelle.
Donc oui, on peut façonner son corps, dans une certaine mesure. Et bonne nouvelle, commencer tard ne condamne pas à la médiocrité. Il faut juste savoir où se situent vos leviers.
Le marathon : vive les ressorts
Ici, ce qui compte, c’est la capacité de rebond, donc la restitution d’énergie élastique. Les meilleurs marathoniens présentent souvent :
- des jambes longues (surtout les tibias),
- des muscles courts et tendons longs (notamment le tendon d’Achille),
- un tronc court, des hanches étroites,
- un haut du corps peu développé.
« En moyenne, 40 à 50 % des besoins énergétiques sont pris en charge par le renvoi élastique. »
C’est pour ça qu’on parle tant des fameux « mollets de coc » : petits mais puissants.
Le trail : plus costaud, moins rebondissant
Plus de dénivelé = plus de travail musculaire pur, moins d’élasticité passive. Un trailer a intérêt à avoir :
- des muscles plus longs et puissants,
- un buste un peu plus long (utile pour la montée),
- un physique plus “compact” et solide pour encaisser.
Sur des distances ultra, l’intérêt du rebond diminue encore. La résistance à la fatigue, la technique et la force mentale prennent le relais.
La piste : puissance et amplitude
Sur 1500m ou 5000m, les coureurs sont souvent :
- plus grands (Jacob Ingebrigtsen mesure 1m85),
- plus musclés que leurs homologues du marathon,
- mais toujours très affûtés.
Ici, une grande foulée bien contrôlée fait la différence. Mais cette puissance a un coût énergétique, d’où l’équilibre délicat entre masse et rendement.
L’IMC : indicateur à relativiser
L’Indice de Masse Corporelle (IMC) est partout… mais pas toujours pertinent chez les sportifs. « L’IMC ne fait pas la différence entre muscle et masse grasse. »
Tous les champions analysés (Kipchoge, Bekele, Florian Carvalho, Ingebrigtsen…) ont un IMC situé entre 19 et 21, bien au-dessus du seuil de “maigreur” fixé à 18,5. Conclusion ? Être trop maigre n’est pas un gage de performance, et peut même augmenter le risque de blessure.
Et si on ne “coche” aucune case ?
Pas de panique. La morphologie idéale, c’est une affaire d’élite. Pour 99 % des coureurs, ce n’est ni une fatalité, ni une excuse. « Vous n’avez pas cet avantage, mais peut-être que vous avez d’autres avantages – physiques, cognitifs, physiologiques – qui vous permettront d’être très performant. »
Et surtout : mieux vaut un physique “moyen” mais un mental en acier, qu’un morphotype parfait sans discipline ni envie.
À retenir (et à répéter) :
✔️ La morphologie influence la performance… mais elle n’est jamais déterminante seule.
✔️ Certains traits sont génétiques, mais beaucoup s’acquièrent avec le temps.
✔️ Le running n’est pas réservé aux “petits maigres à mollets secs”.
✔️ Aucune morphologie ne vous empêche de progresser, de performer, de kiffer.
✔️ Il n’y a qu’un seul bon profil : celui qui se sent bien en courant.
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