TENDANCE | LE SPORT DANS LA JOIE
Source et crédit photo : La Presse, Olivier Jean| [Extrait] Ariane Lacousière, 9 février 2025
La Presse en Norvège, Le sport dans la joie
« Ne pas faire de sport compétitif trop tôt ».
(Tromsø, Norvège) Les jeunes de 7 à 12 ans entrent un par un dans le stade de soccer de la ville de Tromsø en cet après-midi de janvier. Dehors, il fait noir. Pendant plusieurs semaines, l’hiver, le soleil ne se lève jamais dans cette municipalité de l’extrême nord de la Norvège, au-delà du cercle polaire.
Les joues rosies par le froid, les enfants retirent leurs manteaux et enfilent leurs protège-tibias et leurs chaussures à crampons en grignotant des biscottes tartinées de pâte de poisson ou de confiture.
Rapidement, ils sautent sur le terrain pour échanger passes, tirs au but et dribles endiablés sous le regard de leur entraîneur, l’ex-joueur de soccer professionnel Jonas Johansen. Son objectif premier ? Qu’ils éprouvent de la joie. Tout simplement.
Directeur du développement pour le club professionnel de Tromsø, M. Johansen explique que cette approche est appliquée à tout le système sportif norvégien. Et « cette philosophie doit être la bonne, dit-il. Regardez comment on a de bons athlètes au niveau international. On doit faire quelque chose de bien. »
Difficile de le contredire. La domination norvégienne aux Jeux olympiques d’hiver est manifeste depuis des années. Et à Paris, la Norvège, avec ses 5,5 millions d’habitants, a figuré dans les pays présentant le meilleur ratio de médaillés par habitant au monde.
Ces dernières années, la Norvège a aussi vu se développer une série de sportifs qui brillent sur la scène internationale, Erling Haaland au soccer étant probablement le plus célèbre. Mais on peut aussi nommer Casper Rudd au tennis, Viktor Hovland au golf, ou le skieur alpin Henrik Kristoffersen.
Directrice du Centre de recherche sur les jeunes et le sport, la sociologue Åse Strandbu explique qu’en 1987, la Norvège est devenue l’un des rares pays au monde à adopter une loi sur le sport chez les jeunes. Essentiellement, cette loi mentionne que tous les enfants du pays ont le droit d’avoir accès à la pratique du sport et à s’y sentir en sécurité. En 2007, une série de directives à suivre a été implantée.
« Notre règle primordiale : ne pas faire de sport compétitif trop tôt », résume Sebastian Henriksen, conseiller municipal de Tromsø et également membre du Comité olympique et paralympique de Norvège.
Aucun classement ne peut être utilisé pour les athlètes avant l’âge de 11 ans. Les sportifs de moins de 13 ans peuvent jouer des matchs ou faire des courses. « Mais on ne met pas l’accent sur le résultat », explique M. Henriksen. Si un tournoi est organisé, il n’y aura pas de classement général et pas de remise de médailles d’or, d’argent et de bronze.
Avant l’âge de 13 ans, il est aussi interdit de donner du temps de jeu en fonction du talent. […]