TENDANCE | SUPPRESSION D’ÉQUIPES SPORTIVES À MCGILL: LE MONDE DE L’ATLÉTISME SOUS LE CHOC
Source et crédit photo : leDroit | Matt Garies | McGill Athletics | [Extrait] leDroit, Sébastien Lajoie, 28 novembre 2025
La décision de l’Université McGill de supprimer 25 disciplines sportives, à compter de 2026-27, a créé des remous considérables partout au Québec. Et surtout dans le petit monde de l’athlétisme québécois.
La saison intérieure d’athlétisme universitaire 2025-26 s’amorce le samedi 6 décembre, à l’Université Laval.
Une saison pas comme les autres, puisqu’il s’agira de la dernière des équipes masculine et féminine d’athlétisme de l’Université McGill.
L’institution anglophone deux fois centenaire a récemment annoncé la suppression du soutien financier à 25 clubs sportifs compétitifs et équipes universitaires.
«Suite à une vérification menée par le Service d’audit interne de McGill en 2024 et à un examen externe indépendant en 2025, il est devenu évident que notre structure actuelle n’était plus viable», expliquent Perry Karnofsky, directeur des services, des programmes de bien-être et gestion des installations et Daniel Méthot, directeur des sports universitaires, dans un communiqué émis le 20 novembre.
«Les conclusions des deux examens ont mis en lumière des défis persistants liés à l’espace des installations, aux contraintes budgétaires et à la capacité des ressources humaines. En clair, notre service ne peut plus gérer ni soutenir efficacement le même nombre d’activités tout en maintenant les normes d’excellence attendues à McGill.»
Le programme d’athlétisme de McGill existait depuis plus d’une centaine d’années.
Tout aussi important que sa longévité, ses installations permettaient la tenue de plusieurs championnats, année après année, pour l’athlétisme québécois, scolaire comme civil.
Une pétition est d’ailleurs déjà lancée afin de sauver le programme.
Plus de 9600 personnes l’ont déjà signé.
Athlétisme Québec a même publié un appui fort au programme d’athlétisme de McGill, en raison de son importance, de son histoire, mais aussi en soutenant que McGill possède également l’une des trois seules pistes intérieures inclinées au pays, située au Tomlinson Fieldhouse.

L’Université McGill a décidé de retirer son support financier pour 25 de ses équipes, dont les équipes féminine et masculine d’athlétisme.
«Retirer le programme d’athlétisme de cette installation majeure compromettrait son rôle essentiel pour les étudiant·es-athlètes d’aujourd’hui et de demain», dit Athlétisme Québec.
Et c’est justement là une autre grande perte qu’il ne faut pas passer sous silence, dit Luc Lafrance, entraîneur adjoint en lancers et épreuves combinées chez le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke.
Lafrance a également été embauché, en 2024, par Athlétisme Québec comme entraîneur provincial en Épreuves combinées, avec l’objectif de développer un nouveau Pôle provincial d’athlétisme à Sherbrooke (PPAS).
«C’est une tonne de brique pour l’athlétisme, et bien des sports. Ce n’est pas seulement le RSEQ (Réseau du sport étudiant au Québec) et les athlètes qui sont perdants, là-dedans, mais aussi toute la fédération québécoise», déplore-t-il.
«Perdre un programme comme ça, c’est perdre du rayonnement pour nos athlètes et nos disciplines, des sites de compétition.»
Les athlètes de la grande région de Montréal, et surtout les athlètes anglophones, se retrouveront le bec à l’eau, dit Lafrance.
«On n’a pas beaucoup d’infrastructures semblables au Québec, encore moins dans la région de Montréal, où il y a le plus gros bassin d’athlètes et d’athlètes potentiels. McGill accueillait plusieurs compétitions. Et même avec McGill, on manquait d’espace, c’est tout dire.»
Surprises et inquiétudes
La décision de McGill a provoqué la surprise, un peu partout.
«Personne ne l’a vu venir. On savait que McGill faisait une révision de ses programmes sportifs. Mais jamais on n’aurait cru que c’était possible, des coupures semblables.»

Plusieurs des disciplines qui ne seront pas de retour n’avaient pas l’ampleur du programme mixte d’athlétisme des Redbirds.
McGill, devant des enjeux budgétaires évidents, a fait des choix.
«Ça ne m’inquiète par pour le Vert & Or et pour l’Université de Sherbrooke. Mais il faut toujours réfléchir pour faire mieux, avec moins. La direction en place a à cœur le développement du sport et du Vert & Or, comme la direction précédente, qui a donné un coup de barre positif, un bon vent de dos au sport à l’université», poursuit Lafrance.
Les besoins financiers et en ressources humaines pour supporter des programmes sportifs sont élevés.
«Quand tu as trop de sports, ça amène une lourdeur administrative et logistique. Il faut parfois faire des choix», dit Luc Lafrance.
Ironiquement, c’est à l’Université McGill que se déroulera le Championnat provincial RSEQ, qui clôturera la dernière saison de ses équipes masculine et féminine.
Le casse-tête de l’accueil des compétitions pour la saison 2026-27 demeure entier.
«Les infrastructures, à Sherbrooke, à Québec, sont pleines. Il y a peu, ou pas de places, pour accueillir d’autres compétitions d’athlétisme. Ce sont des événements qui nécessitent des coûts, absorbés par les universités. Ça coûte cher, ouvrir le centre sportif, installer les équipements, et tout», dit Luc Lafrance.
La décision de McGill va faire boule de neige et impacter le milieu sportif en général au Québec
«Surtout, si on ajoute des compétitions d’athlétisme, ça veut dire qu’on doit retirer d’autres événements sportifs, organisés par des clubs extérieurs à l’Université de Sherbrooke, des clubs civils. Et ça, c’est difficile pour tout le monde.»
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