TENDANCE | TRAIL : PEUT-ON ATTEINDRE SON MEILLEUR NIVEAU APRÈS 50 ANS?
Source et crédit photo : Mon séjour en Montagne | Le Dauphiné Libéré | Grégory Yetchmeniza | [Extrait] Mon séjour en Montagne, 5 août 2025
Le corps vieillit, mais l’expérience s’affine. En trail, la performance ne suit pas toujours la courbe du déclin physique.
Ludovic Pommeret. Vous avez peut-être entendu parler de lui récemment. Pourquoi ? Il vient de remporter une nouvelle fois la Hardrock 100, l’un des monuments de l’ultra-trail… à presque 50 ans.
L’année dernière, il avait même battu le record établi par un certain Kilian Jornet de 12 ans son cadet. Exception me direz-vous ? Et bien quand on regarde les classements des courses d’ultra-endurance, on s’aperçoit que la moyenne d’âge des finishers dépasse souvent les 40 ans.
Ce que disent les études : un déclin… mais pas immédiat
Sur le plan physiologique, le vieillissement est une réalité. Le VO2 max baisse en moyenne de 1 % par an à partir de 30 ans,
En résumé, la masse musculaire diminue et la récupération s’allonge. Le déclin est global, et selon les études menées en course à pied, il suit une courbe exponentielle : les performances se maintiennent jusqu’à environ 35 ans, baissent modérément entre 35 et 70 ans, puis chutent plus brutalement après 70 ans.
Ce phénomène est observé quel que soit le format, et reste plus marqué chez les femmes. Mais cette tendance ne reflète pas toute la réalité du trail. Car l’ultra privilégie d’autres qualités que la simple vitesse ou la puissance musculaire.
L’ultra, terrain favorable aux coureurs expérimentés
Endurance de fond, gestion mentale, stratégie de course, adaptation à la météo ou au sommeil : autant de compétences qui s’aiguisent avec l’âge, et qui peuvent repousser le pic de performance bien au-delà de 40 ans.
Les longues distances, surtout en montagne, gomment une partie des écarts liés à la physiologie pure. Pourquoi ? Parce que les formats ultra ne récompensent pas seulement les plus rapides, mais les plus constants, les plus lucides.
À 50 ans, certains disposent aussi d’un cadre de vie plus stable, de temps pour s’entraîner, et d’une motivation renouvelée. C’est souvent à cet âge que les coureurs peaufinent leur hygiène de vie, réduisent les blessures, améliorent leur qualité de sommeil et préparent leurs courses de manière plus fine.
La légende de 58 ans qui donne de l’espoir : Marco Olmo
Impossible de parler de longévité en trail sans évoquer Marco Olmo. L’Italien, né en 1948, participe à la légende de l’UTMB. Troisième en 2005, il remporte les deux éditions suivantes, dont celle de 2007… à 58 ans et 10 mois. Un record absolu pour la course reine du Mont-Blanc, jamais battu depuis.
Mais ce n’est pas tout. En novembre 2017, à l’âge de 69 ans, il s’impose sur l’Ultra Africa Race, une course par étapes de 220 km. Son parcours force le respect : né pauvre dans le Piémont, ouvrier toute sa vie, il n’a jamais bénéficié des conditions d’entraînement modernes ni d’un encadrement de haut niveau.
Son endurance hors norme repose sur un autre socle : la résilience, la régularité et un rapport intime à l’effort.
Alors peut-on atteindre son meilleur niveau après 50 ans ?
Oui, mais à certaines conditions.
Faut-il en conclure que tout traileur de 50 ans peut viser son meilleur niveau ? Pas si vite. Les profils comme Pommeret ou Olmo s’appuient sur des années de pratique, une grande robustesse physique et une absence quasi totale de blessures chroniques.
Sans ce bagage, difficile de rivaliser avec soi-même ou avec plus jeunes que soi. Le corps devient plus sensible, plus lent à récupérer. Il faut donc réduire le volume, miser sur la qualité, intégrer du renforcement musculaire, éviter le surentraînement. Et surtout, préserver le plaisir.
Tous les traileurs ne connaîtront pas cette forme de maturité, mais pour ceux qui y accèdent, elle peut se révéler plus satisfaisante encore que les performances de jeunesse. Dans un sport où la longévité se confond avec la sagesse, le sommet n’est pas toujours derrière soi.
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