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ATHLÈTE | FLORENCE CARON – DU CHEERLEADING À LA COURSE

Source et crédit photo : LA PRESSE | Florence Caron [Extrait] LA PRESSE, Simon Drouin,  30 juin 2025

La pandémie a causé son lot de changements de vocation. Pour Florence Caron, la distanciation physique de 2020 a signifié la fin du cheerleading, le sport qu’elle pratiquait depuis six ans.

Pour prendre l’air et chasser l’ennui du confinement, l’étudiante au cégep de Lévis s’est mise à marcher, puis à jogger. Tout doucement pour commencer, un peu plus vite par la suite. « Je suis juste vraiment tombée en amour avec la course à pied », constate-t-elle cinq ans plus tard.

Son expérience se limitait jusque-là à une ou deux épreuves de cross-country scolaire auxquelles elle avait participé surtout pour suivre son frère. Son truc était le cheerleading, qu’elle a pratiqué pendant tout son secondaire à La Malbaie, et ensuite au cégep de Lévis. À titre de voltigeuse, elle était celle qui se faisait lancer dans les airs.

« C’est de la danse, de la gymnastique, des sauts, résume-t-elle. C’est en même temps un spectacle. C’est quand même exigeant, mais je ne faisais pas beaucoup de conditionnement, mettons. »

La course à pied sollicite évidemment une tout autre fibre athlétique. Après ses premières sorties, Florence Caron s’est donné un défi : courir 5 km en moins de 20 minutes. Elle s’est donc mise à l’entraînement un peu plus sérieusement. À l’automne, elle s’est lancée à l’assaut de son objectif sur une piste de « garnotte », souliers de jogging « ben ordinaires » aux pieds. La chanson Don’t Stop Believin’, de Journey, résonnait dans ses écouteurs filaires quand elle a atteint le 5 km. L’hymne lui est toujours resté. Eh oui, elle a brisé la barre des 20 minutes.

Cette réussite l’a convaincue de tenter sa chance au club d’athlétisme civil de l’Université Laval (CAUL), qui l’a prise dans ses rangs en mars 2021. À 20 ans, elle était parmi les plus vieilles de l’équipe, composée majoritairement d’élèves du secondaire. La recrue observait avec admiration les coureuses de son âge qui s’illustraient sur la scène universitaire canadienne sous les couleurs du Rouge et Or : Jade Bérubé, Anne-Marie Comeau, Jessy Lacourse et Catherine Beauchemin.

« C’était tous les grands noms de l’athlétisme québécois, note Florence Caron. Je me suis dit : je vais essayer d’entrer dans l’équipe du Rouge et Or. »

Après une journée de sélection, elle a été admise pour la saison 2021-2022. « Je n’étais pas dans les meilleures », précise-t-elle. Elle n’a donc pas participé au championnat U Sports de cross-country, où le Rouge et Or a remporté les deux titres nationaux sur les plaines d’Abraham, ni à ceux en salle.

Penn State
À l’été, son chum, Olivier Desmeules, l’un des meilleurs spécialistes québécois du 800 m, est parti à l’Université Penn State, où on lui offrait une bourse complète. « Je me suis dit : je vais m’entraîner vraiment fort et si je suis assez bonne, je vais être capable de le rejoindre et ne plus avoir une relation à distance », raconte-t-elle.

En l’espace d’un an, Florence Caron est passée de recrue marginale au Rouge et Or à médaillée de bronze au 1500 m aux championnats U Sports. À l’été 2023, elle a atteint la finale à la même épreuve aux nationaux. Elle a donc soumis sa candidature à une panoplie d’universités dans la NCAA. Le coach de Penn State était intéressé, mais il ne pouvait lui offrir de bourse complète comme d’autres programmes du circuit américain.

Elle pense qu’elle n’aurait pu obtenir une bourse d’une telle valeur sans le lobby de celui qui est devenu son mari. Desmeules a vanté son talent, son potentiel et sa grande rigueur. « Oli a toujours été la personne qui croyait plus en moi que moi-même », souligne-t-elle.

L’athlète de Charlevoix s’est montrée à la hauteur des éloges de son partenaire de vie. En deux ans à Penn State, où elle a graduellement délaissé le demi-fond pour se consacrer au long (5000 m, 10 000 m), elle s’est qualifiée pour tous les championnats nationaux de division 1, en cross-country, en salle et à l’extérieur. En novembre, elle a terminé 19e en cross, ce qui lui a valu le statut de « All-American ».

Finaliste sur 5000 m en salle au printemps, Caron entretenait de plus grandes ambitions pour les championnats extérieurs, il y a une dizaine de jours. Elle visait une place parmi les huit premières et la prestigieuse « First-Team All-American ». Elle a échoué par 3 secondes au 10 000 m, se classant 11e avec un record personnel de 32 min 23 s 71, soit le deuxième chrono de l’histoire au Québec après les 31 min 56 s 70 de Carole Rouillard en 1991.

Au 5000 m, la bachelière en linguistique se voyait déjà avec le trophée remis aux huit premières quand elle a chuté dans les 100 derniers mètres, coupée par une concurrente. Elle s’est relevée pour jogger jusqu’à la ligne, finissant 16e.

« Un peu déçue » de ses résultats aux Championnats de la NCAA vu son niveau de forme, Caron comptait se reprendre avec un premier podium aux nationaux de 10 000 m, quatre jours plus tard, à Guelph, en Ontario. Avec 45 km de course dans les jambes dans le mois précédent, elle a évité de trop pousser la note en début d’épreuve, où seules l’Ontarienne Gracelyn Larkin, sacrée championne canadienne de 10 km sur route deux semaines plus tôt, et une Rwandaise sont parvenues à la suivre.

La Québécoise a attaqué à 600 m de la fin, encouragée par Jade Bérubé, ex-coéquipière au Rouge et Or et future médaillée de bronze, à qui elle venait de prendre un tour.

« Elle m’a lancé : let’s go Flo, tu l’as ! C’est drôle parce que je me suis dit : elle est correcte, elle parle, elle va aller chercher la troisième place ! C’est le fun, ça m’a donné un petit boost d’énergie pour continuer sur mon élan. »

Caron a devancé Larkin de près de 10 secondes pour remporter l’or.

Vers le marathon
De retour au Québec, où elle renouera avec sa gang de l’Université Laval et la nouvelle piste du PEPS, l’athlète de 24 ans veut prendre un peu de repos avant de se relancer vers les Championnats canadiens d’Ottawa, où elle disputera le 5000 m, le 31 juillet. À moins d’une sélection pour les championnats continentaux NACAC (Amérique du Nord et Centrale et Caraïbes) ou mondiaux, ce sera sa dernière course sur piste de l’année.

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