CONSEILS | LES BLESSURES CUTANÉES AUX PIEDS, PREMIERS ADVERSAIRES DES TRAILEURS
Source et crédit photo : L’ÉQUIPE | J. Prévost | P. Gherdoussi | J. Faure | [Extrait] L’ÉQUIPE, Léna Guiheneuf, 28 août 2025
Ampoules, hématomes sous-unguéaux… Les blessures cutanées sont les maux les plus fréquents dans le monde du trail et de l’ultra-trail. Voici comment y faire face et tenter de prévenir leur apparition.
Entre 6 et 16 % des abandons sur l’UTMB sont dus à des problèmes dermatologiques
« Lorsqu’on en souffre, on adapte sa foulée pour éviter d’avoir mal et cela déclenche des pathologies sous-jacentes aux chevilles ou aux genoux, développe Olivier Garcin, podologue du sport et responsable durant une vingtaine d’années des podologues sur l’UTMB. Selon les études, entre 6 et 16 % des abandons sont dus à des problèmes dermatologiques mais beaucoup d’abandons sont en réalité sous-évalués. Les gens s’arrêtent pour des problèmes de genoux ou de chevilles consécutifs à une friction au niveau du pied. » La présence de phlyctènes augmente en effet de 50 % le risque de blessures.
Inutile de bander tout un pied pour une petite ampoule ou d’appliquer des pansements hydrocolloïdes : vous risqueriez d’empirer la situation, jusqu’à l’infection de la plaie. « Il y a plusieurs années, j’ai dû faire abandonner un coureur qui se trouvait alors en 5e position de l’UTMB pour cette raison, se souvient Olivier Garcin. Il était dégoûté de devoir s’arrêter pour une ampoule. [Le sentiment de frustration] est encore plus vrai quand il s’agit de Monsieur ou Madame Tout-le-Monde, qui met des années à s’inscrire à une course comme celle-là. »
On sollicite le podologue pour soigner, pas assez en préventif
La mise en place, en 2021, de l’« UTMB Index » (indice de référence permettant d’évaluer les performances d’un trail runner), a conduit à réduire le nombre d’interventions mais le problème persiste sur les compétitions de qualification. « Il y a un vrai manque de sensibilisation sur le sujet, concède Guillaume Droz-Bartholet et Bénédicte Jonqua, podologues suisses bénévoles sur la Swiss Peak et le Marathon des Sables. Les trailers, amateurs comme professionnels, ne prennent pas l’initiative d’aller consulter un podologue. Ils viennent nous voir car ils ont des douleurs. Ils nous sollicitent donc en curatif, mais très peu en prévention. » Ces consultations permettent néanmoins d’avertir sur le sujet, au même titre que les interventions d’urgence pendant les courses, où les médecins en profitent pour faire de la pédagogie.
« Jamais un problème cutané ne m’a fait abandonner. Mais ça a pu diminuer mon plaisir et entacher ma performance, car le fait d’avoir des pieds en mauvais état représente un handicap mental et physique au moment de chaque appui. »
Sébastien Raichon, premier vainqueur de la Chartreuse Terminorum, en 2023
Comme beaucoup, Sébastien Raichon a appris de ses erreurs. En 2020, lors de sa première traversée des Alpes en mode record, le traileur, aujourd’hui âgé de 53 ans, comptait plusieurs ampoules après moins de 24 heures de course. « J’ai énormément progressé là-dessus depuis, concède le double vainqueur du Tor des Glaciers (2022, 2023), course à laquelle le Français va de nouveau participer cette année (12-20 septembre). Maintenant, je tanne mes pieds et les hydrate et je vais voir un pédicure-podologue quinze jours avant une compétition. »
« En prévention, il est aussi important de réaliser un bilan et un soin podologique, ajoutent Guillaume Droz-Bartholet et Bénédicte Jonqua. Pour avoir une belle coupe d’ongles, il faut éviter les ongles incarnés et enlever les zones de kératose (cornes). Mais une consultation la veille ou deux jours avant de prendre le départ, ce n’est pas suffisant. Il faut consulter au minimum une semaine avant. Un soin peut en effet provoquer une réaction inflammatoire qui se transformera en blessure si le délai de cicatrisation n’est pas assez long. » Blandine L’Hirondel explique ses problèmes cutanés lors de la dernière édition de l’UTMB par un soin reçu trop tardivement. Cette année, en vue de sa participation à la CCC (ultra-trail Courmayeur-Champex- Chamonix, le 29 août), l’athlète a pris rendez-vous trois semaines en amont.
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