TENDANCE | QUAND LA COURSE PERMET DE LUTTER CONTRE L’ANOREXIE

Source et crédit photo : LE JOURNAL DE QUÉBEC | Stéphane Cadorette  [Extrait] LE JOURNAL DE QUÉBEC, Stéphane Cadorette, 4 mai 2025

Il y a un peu plus de trois ans, Karine Bélanger touchait le fond, clouée à un lit d’hôpital, proie des troubles alimentaires qui ravageaient son existence. Aujourd’hui, elle a fièrement terminé le demi-marathon de Lévis, démontrant que les plus grandes victoires en course à pied ne se mesurent pas que sur les podiums.

Il y a bien sûr les gagnants de la course de 21,1 km qui font parler d’eux et s’attirent les éloges, avec raison. Or, parmi les 4800 coureurs inscrits, se cachent toujours des participant(e)s au parcours bien plus inspirants qu’un chrono.
Karine Bélanger fait partie de ce lot, elle qui a savouré l’euphorie d’un triomphe, sans le moindre égard à son rang au classement.

Pour la Lévisienne, la course à pied est au cœur d’une grande reconstruction personnelle, elle qui a été aux prises avec de graves problèmes d’anorexie.

«La course, c’est devenu vraiment pour le plaisir et ça fait toute la différence. Il y en a pour qui courir, c’est un fardeau. Moi, c’est mon petit moment à moi. C’est libérateur, j’adore courir et je sais que maintenant, je le fais sainement», a-t-elle expliqué après avoir négocié le parcours de 21,1 km en 1 h 52 min 18 s.

Problème d’image corporelle

Pour Karine Bélanger, comme pour toutes les autres personnes aux prises avec des troubles alimentaires, la maladie s’est invitée de façon pernicieuse.

Le tout a débuté durant la pandémie, à force de se comparer aux autres via les réseaux sociaux.

«J’avais pris du poids lors du changement de secondaire à Cégep. Je n’aimais plus ce que je voyais dans le miroir. J’ai coupé mon alimentation et je me suis mise à m’entraîner en débile. C’est là que peu à peu, la maladie s’est installée.

«Ni moi ni mon entourage n’avons vu ça venir. Plus ça avance, moins tu peux t’arrêter. Ce n’est jamais assez bas, le chiffre sur la balance», a-t-elle confié.

Une dure hospitalisation

Le surentraînement et la privation alimentaire ont fait chuter Karine au creux d’un dangereux abysse. Au point où elle a dû être hospitalisée en psychiatrie au CHUL. Alitée pendant un mois, elle a touché le fond.

«J’étais la fille qui avait sa petite routine à la maison et tout d’un coup, j’ai été confrontée à d’autres personnes qui vivaient avec des troubles mentaux, des dépressions majeures. Tout ça a été un énorme défi pour moi», a-t-elle raconté.

Suivie de près par l’équipe du PITCA (programme d’intervention des troubles de conduite alimentaires) et soutenue de manière indéfectible par sa famille, elle a tranquillement remonté la pente.

Son frère, qu’elle qualifie de pilier dans sa guérison, a fait un demi-Ironman en son honneur et lancé une collecte de fonds pour la Maison l’Éclaircie, qui vient en aide aux personnes affectées par les troubles alimentaires. En octobre dernier, ils ont complété ensemble le demi-marathon de Québec.

Un bel accomplissement

C’était la toute première fois que Karine Bélanger franchissait une telle distance en course à pied et elle s’est de nouveau offert ce cadeau, dimanche, à Lévis.

La jeune demoiselle qui a franchi la ligne d’arrivée est définitivement loin de celle qui luttait farouchement contre les ravages physiques et mentaux de la maladie il n’y a pas si longtemps.

«Ça me touche vraiment beaucoup. Il y a trois ans, je ne me serais jamais vue compléter un demi-marathon. Aujourd’hui, je l’ai fait, j’en suis vraiment fière. C’est dans ces moments que je reconnais mes progrès. C’est fou le feeling que ça procure», a-t-elle savouré.

En plus du soutien médical et familial, ses études en kinésiologie l’ont aussi réorientée vers un mode de vie sain avec un entraînement infiniment plus équilibré que par le passé.

«J’ai changé complètement mon état d’esprit et je continue de progresser. Je ne cours plus pour manger, je mange pour courir», a-t-elle philosophé.

Le classement final du demi-marathon de Lévis indique que Karine Bélanger a terminé au 528e rang sur 2671 participantes. Mais on vous le confirme, c’est plutôt bien perchée au sommet qu’on retrouve la résiliente coureuse.
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