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TENDANCE | 5 MYTHES TRÈS RÉPANDUS SUR LA COURSE À PIED DÉBOULONNÉS PAR UN EXPERT

Source et crédit photo : TVA Nouvelles [Extrait] TVA Nouvelles, Yannick Beaudoin, 19 juin 2025

La course à pied continue de gagner en popularité, surtout avec l’arrivée de l’été, mais il est nécessaire d’avoir les bonnes informations pour éviter les blessures, mais aussi pour ne pas se ruiner inutilement afin de pratiquer cette activité.

«Le problème, c’est que dans l’engouement, avec les médias sociaux, on se laisse emporter à aller faire tout d’un coup un 10 minutes, un 15 minutes, un 20 minutes qui va représenter 900, 1000, 2000 répétitions de sauts sur une jambe et de sauts sur l’autre. Et le corps, en fin de compte, dépendamment de ses antécédents, de ce qu’il faisait avant, parfois est intolérant, insuffisamment tolérant à ce nouveau stress et fait en sorte que l’individu se blesse», a expliqué le physiothérapeute et expert en prévention et traitement des blessures en course à pied, Blaise Dubois, en entrevue à l’émission d’Isabelle Perron à QUB radio, diffusée au 99,5 FM à Montréal.

Celui qui a fondé la Clinique Du Coureur conseille à toute personne s’initiant à la course d’y aller graduellement. Il recommande notamment de marcher quelques minutes et même de jogger un peu avant de partir.

Néanmoins, plusieurs mythes perdurent dans le monde de la course; le spécialiste a donc souhaité en déboulonner quelques-uns.

Premier mythe: il faut s’étirer avant de courir
«S’étirer, surtout de façon statique, où on va étirer nos groupes musculaires comme on le faisait dans le passé, quand j’étais jeune au secondaire, ce n’est plus une bonne idée. En fait, ce qu’on constate, c’est que non seulement ça ne prévient pas l’incidence des blessures, mais ça pourrait même l’augmenter dans certains cas, surtout si on fait une activité de vitesse après s’être étiré de façon statique», indique Blaise Dubois.

Deuxième mythe: il faut avoir des semelles épaisses pour bien amortir le choc des pas
«Aujourd’hui, on n’a aucun avantage sur la prévention des blessures à acheter une chaussure à 200$ dans une boutique spécialisée versus une chaussure à 20$ chez Walmart», soutient l’expert.

«Et si moi, j’ai à faire une prédiction: la chaussure plus simple et plus minimaliste est probablement meilleure pour la santé de l’individu», ajoute-t-il.

Ce dernier recommande donc des chaussures avec le moins de technologies, d’épaisseur et de lourdeur, «qui sont des facteurs qui altèrent la biomécanique».

«Avoir une cadence de pas élevée […] est un certain aspect protecteur sur les pathologies. On met moins de force d’impact au sol, on réduit l’incidence de certains problèmes. Et on sait que les chaussures modernes, plus elles sont lourdes et épaisses, plus elles vont ralentir la cadence. Elles vont donc altérer la biomécanique pour avoir une biomécanique qui n’est plus protectrice comme on devrait avoir, comme on aurait pieds nus», souligne le spécialiste de la course à pied.

Troisième mythe: il faut changer ses chaussures après un certain nombre de kilomètres parcourus
«C’est d’abord du marketing. [Il y a] très peu de science sur le sujet, mais l’ensemble de ces théories ont été fondées sur le fait qu’à travers le temps et le nombre de kilomètres courus sur vos chaussures, vous réduisez les qualités absorbantes de la chaussure», mentionne M. Dubois.

Celui-ci maintient qu’il n’y a pas de corrélation entre le degré d’amortissement d’une chaussure et le risque de blessure.

«Tant que la chaussure n’est pas déchirée, déformée, mal usée et qu’elle vous emporte dans un vice biomécanique auquel vous n’êtes pas adapté, vous n’avez pas besoin de changer vos chaussures», affirme-t-il.

Quatrième mythe: la course augmente les risques de blessures au genou
Cette croyance, pourtant très répandue chez les professionnels de la santé, n’est pas exacte, clame le physiothérapeute.

«On a aujourd’hui une trentaine de papiers scientifiques, des revues systématiques, de la science solide, avec des suivis prospectifs, qui nous montrent que courir est la meilleure chose que vous pouvez faire pour le cartilage de vos genoux. Quand vous faites de la course à pied, vous stressez vos genoux par impact qui crée des adaptations et les coureurs ont des cartilages plus solides et plus résistants que les non-coureurs. On a même des études prospectives où on se rend compte qu’on réduit l’incidence de l’arthrose chez les coureurs vers ceux chez les non-coureurs, chez les sédentaires», explique Blaise Dubois.

Ce dernier recommande d’ailleurs la course même aux personnes vivant avec de l’arthrose.

«Je fais courir des gens qui ont des genoux bien maganés, mais ils continuent de courir parce que je sais que je retarde la prothèse totale avec ça», clame l’expert.

Cinquième mythe: Il est déconseillé de courir lorsqu’on a les jambes arquées
«En fait, les pieds plats, les pieds creux, les genoux croches, arqués, etc. ne sont pas des facteurs de risque des pathologies de l’appareil locomoteur. On a longtemps pensé qu’on devait être bien symétrique, bien aligné. Il y a toutes sortes d’individus avec toutes sortes de jambes, avec toutes sortes de pieds, et ce ne sont pas des facteurs de risque des pathologies de l’appareil locomoteur. Donc il faut qu’on arrête de vouloir les corriger comme professionnels», martèle le fondateur de la Clinique Du Coureur.

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